La prise d’un bon colostrum : une étape essentielle

C’est l’apport de l’immunité colostrale qui va protéger le veau (bien-sûr s’il est également placé dans un environnement peu contaminé).

Les diarrhées néonatales, mais aussi les coccidioses ou des pathologies pulmonaires sur des veaux de quelques mois d’âge, ont souvent en partie pour origine une déficience de cette immunité colostrale apportée dans les 12 à 24 premières heures de vie.

Pourquoi le colostrum est-il important ?

Parce qu’il n’y a pas de transfert placentaire d’immunoglobulines au foetus, pendant la gestation, chez les ruminants.

Le colostrum est le premier aliment indispensable aux veaux.

  • il est très fortement concentré en protéines : des anticorps (surtout des immunoglobulines G1), de nombreuses protéines à action antibactérienne non spécifique,
  • les concentrations en vitamines A et E sont 5 à 10 fois plus importantes que dans le lait,
  • l’apport énergétique est deux fois supérieur par rapport au lait,
  • les teneurs sont maximales lors de la première traite ou de la première buvée, et baissent très rapidement après le vêlage.

Une ingestion précoce est essentielle ?

L’objectif est que le veau ingère 200 g d’immunoglobuline (Ig) dans les 24 premières heures de vie, 1/3 dans les deux premières heures, soit 75 g.
On recherche donc une concentration minimale de 50 g d’Ig/l dans le colostrum.
Le veau doit ingérer 1.5 l à 2 l de colostrum dans les deux premières heures de vie : les anticorps ne sont pas digérés dans l’intestin, et se retrouvent dans le plasma sanguin.

Puis les cellules intestinales se «resserrent», et le passage vers le sang de ces grosses protéines que sont les anticorps du colostrum diminue jusqu’à devenir nul à 24 heures de vie.
Le veau boit au maximum l’équivalent de 10% de son poids en 24 heures.

Comment valider que le colostrum est de bonne qualité ?

Le transfert d’immunité passive de la vache au veau est assuré par l’accumulation de très grandes quantités d’anticorps dans le colostrum ET par la prise efficace de ces protéines intactes par le veau nouveau-né.

  • Le pèse colostrum ou colostromètre reste, malgré sa fragilité, l’outil de l’éleveur, il est important de l’utiliser sur plusieurs vaches (notamment après des changements de ration).
  • Le réfractomètre est un instrument optique qui permet d’évaluer en quelques secondes la qualité du colostrum (concentration en anticorps). Son utilisation est très simple et rapide. Cet appareil est plus robuste que le colostromètre.
  • En élevage laitier, en réserver un volume de bonne qualité pour le congeler, et avoir ainsi un stock de bon colostrum pour des veaux primipares, des vaches atteintes de mammites au vêlage, ou perdant leur lait avant vêlage.
  • On considère un colostrum comme excellent lorsque sa concentration en anticorps est supérieure à 100 g/l.
  • Il est dommage de détruire une partie des immunoglobulines par un «mauvais traitement» de ce bon colostrum : s’il est congelé, ne jamais le décongeler au micro-ondes, utiliser le bain-marie, et dans une eau à moins de 50°C.
  • En élevage allaitant, l’analyse du sang de quelques veaux âgés de 2 à 6 jours permet de valider le bon transfert colostral.

S’il est médiocre, que dois-je vérifier ?

La qualité du colostrum est conditionnée par sa concentration en anticorps et en vitamines.
Cette concentration dépend de nombreux facteurs :

  • le colostrum des primipares est moins concentré que celui des multipares,
  • la concentration en anticorps décroît de moitié à la seconde traite,
  • si la vache a perdu son lait avant vêlage, la concentration est diminuée au moment de la mise-bas,
  • une période de tarissement trop courte pour les vaches laitières (inférieur à un mois) peut engendrer un colostrum moins riche,
  • la conduite du tarissement : une tarie ne doit ni maigrir, ni prendre d’état entre le jour et celui du vêlage ; la ration doit être suffisamment pourvue en minéraux, vitamines et oligo-éléments (avec bien sûr un équilibre énergie-azote respecté),
  • le risque douve : le foie étant l’organe qui synthétise ces protéines que sont les anticorps, il est important de vérifier qu’aucun risque douve n’existe sur vos parcelles pâturées (présence de zones humides, de «gites à limnées», voire de réaliser, si nécessaire, des prises de sang ciblées pour recherche d’anticorps à partir de l’automne).

Marie-Hélène GUILBERT
Vétérinaire GDS 53 pour lecarréfarago.com